{{Frotter ? Plutôt graver !!Cuisine baroque avec marraines italiennes}}
Marie-Paul Andréo présentera son exposition lors de la soirée consacrée au livre de Claire Michard auquel elle a participé (voir notre page “Rendez-vous”). {{Elle sera présente samedi 14 décembre de 16h à 20h et dimanche 15 décembre de 14h à 19h.}}
« Depuis mes débuts en photographie en 1984, les natures mortes et la peinture sont mes thèmes de prédilection. Le travail de superposition et d’imbrication des images lors de la prise de vue des années 80-90 se prolonge maintenant sur l’écran du PC. La gravure nourrit mon univers photographique et apporte la part tactile et sensuelle qui manque cruellement au « digital ».
La série Frotter ? Plutôt graver !! a été provoquée par la collision entre la remarque d’une amie, « il faut frotter le cul des casseroles », pour enlever ce voile brun qui pour moi évoque le vernis des eaux fortes ; et le souvenir d’un proverbe cher à ma grand-mère «La mujer y la sartén en la cocina están bien», c’est à dire la femme et la poêle sont à leur place dans la cuisine.
A la cuisine et ses ustensiles qui se doivent d’être propres, sinon étincelants comme dans les guides de bonnes épouses, je préfère l’atelier et ses encres qui maculent, ses acides qui tachent, et le détournement du tampon Jex pour faire monter un gris : encore aujourd’hui, si peu de temps à y consacrer, et tous les jours l’acier des poêles, le fond cuivré des casseroles… qui brûlent systématiquement dès que j’ai une activité ou même une simple préoccupation artistique !
Les deux premières photos ont été faites pour accompagner le livre de Claire Michard, les autres ont suivi.
Et les marraines italiennes, quel rapport ?
Elle ne devaient pas passer beaucoup de temps dans leur cuisine, et c’est heureux ! Elles se représentent en peintres, mais aussi en musiciennes accompagnées de leur « fidèle » servante. J’éprouve un grand plaisir à les contempler. L’autoportrait de l’une d’entre elle, Sofonisba Anguissola, découpé dans un journal, m’accompagne depuis longtemps comme une figure tutélaire que je me suis appropriée. Les autres peintres viennent de quelques pages dans des livres qu’il faut parfois faire sortir des réserves, et bien rares sont les chances de voir leurs tableaux « en vrai ».
Artemisia Gentileschi dont l’histoire personnelle a, tout autant que sa peinture aux accents caravagesques, inspirée les féministes artistes ou chercheuses dès les années 70, et que le cinéma a fait découvrir plus largement, fait exception. “Judith et Holopherne” est sans doute le plus connu et le plus commenté de ses tableaux. Mais les autres peintres n’ont pas eu la vie si facile non plus, semble-t-il. Est-ce un hasard si elles ont toutes choisi, parmi les sujets bibliques traditionnels, de peindre leurs versions de Judith, avec un accent sur Judith, parfois un autoportrait, et sur la complicité avec sa servante ?
Une bonne nouvelle cette année : le musée du Prado de Madrid pour son bicentenaire expose deux de ces femmes peintres : Sofonisba Anguissola et Lavinia Fontana. »
https://www.museodelprado.es/actualidad/exposicion/historia-de-dos-pintoras-sofonisba-anguissola-y/5f6c56c8-e81a-bf38-5f3f-9a2c2f5c60eb
{{Marie-Paul Andréo}}
née à Alger en 1954, arrive à Paris en 1962, et y vit depuis (avec une grosse nostalgie pour les rives du pourtour méditerranéen).
Après des études d’arts plastiques à l’université de Paris I Saint-Charles de 1981 à 1984, travaille dans une scop de création publicitaire de 1984 à 88 en poursuivant son travail personnel en photographie et participe à des expositions collectives. En 1989-90 met à profit une année de chômage pour faire des stages à Arles et 2 expositions personnelles en province. De 1991 à 2017 occupent divers emplois. Depuis 2017 reprend la photo et pratique la gravure dans un atelier de la Ville de Paris.