“Les Femmes 100 Têtes / Les Femmes 100 Sexes / Les Femmes Sans Tête / Les Femmes Sans Sexe / Les Femmes Sang Tètent / Les Femmes Sang Sexe / Les Femmes s’ensexent / Les Femmes s’entêtent !
Voici la saga sur papier de quelques Pintades, volatiles d’élevage venus d’Afrique, qui peuvent en s’échappant redevenir sauvages. Ce gibier idéal ne coule pas de jours tranquilles quand vient l’hiver menaçant, après avoir été renvoyé dans l’antichambre des printemps libérateurs.
Les hommes recherchent constamment la compagnie de ces Pintades-objets afin de couvrir leur beau plumage sombre semé de taches claires ou d’étouffer le son de leurs criailleries. S’amusant de ces Poules apprivoisées, ils se les renvoient comme des balles vivantes, accommodées et lardées.
Toutefois, le caractère insoumis de ces Poulardes les rend dangereuses, voire diaboliques, aux yeux de ces sinistres éleveurs, ordonnateurs de répudiations. Malgré tout, ces farouches Gallinacés de sexe féminin se sentent Pintades indomesticables et tentent de donner libre cours à leurs sentiments.
Pour ces Pintades-nomades, il n’est pas de terre d’asile. Elles seront d’éternelles condamnées au délit d’errance.
Au milieu des années quatre-vingt-dix, parallèlement à des études en histoire de l’art, j’ai commencé à découper des images issues des magazines. Des mannequins avaient des têtes en formes de petits pois tandis que des chefs d’Etat les mains dans la caisse et dans le sang perdaient la leur. Ces assemblages à la Prévert étaient conçus comme de nouvelles cartes postales à offrir à mon entourage. Puis, les ciseaux et la colle l’ont souvent emporté sur un parcours universitaire aboutissant à une thèse sur la Figuration narrative ayant pour héros les peintres Erro, Monory, Rancillac, Arroyo…
Sans prévenir, j’ai lorgné plus attentivement vers toutes sortes de supports avec des reproductions jusqu’à les amasser et les répertorier afin de fabriquer des collages de plus en plus denses. Cette manie ne pouvait qu’engendrer des séries thématiques et politiques de collages, qui cassent le monde contemporain en quatre et plongent les corps dans une réalité et des récits malicieusement recomposés par moi-même.”
(exposition du 24 avril au 9 juin)