Le premier livre d’Emilie Jouvet, photographe et réalisatrice, propose une sélection d’oeuvres photographiques interrogant le champ politique de la sensibilité, l’expression de l’intime, le désir. Jouvet met les spectateur.trice.s face à une communauté qui construit sa propre subjectivité. Queer, butch, kings, queens, fems, trans, lesbiennes, bi, hétéros, gays, dans la rue, dans les bars, dans un lit, enceintes, nu-es, le rouge à lèvre qui file. Peu importe, elles-ils sont uniques, il-elles existent. Les modèles s’offrent au jeu, le temps de laisser cette trace de soi en tant qu’être désirant. Parce qu’elles-ils ont choisi de lutter, Emilie Jouvet montre celles et ceux dont parle la fierté, le désir, l’envie de se dire et le besoin de se visibiliser. Ce lien fort et personnel avec ses modèles donne au travail de Jouvet sa force militante, et la place dans la continuité des artistes qui ont commencé à déconstruire la représentation du corps dans l’art, à la subvertir et à la recomposer en cherchant des nouveaux codes et des nouveaux rapports aux identités sexuelles. Regard sur le monde, qui s’ouvre sur les nombreuses facettes de son travail artistique: la complicité, l’amour, le couple, la transmission entre femmes, la maternité, l’enfance, la performance. Revisitant les références culturelles (archétypes de la représentation, dispositif classique du nu et du regard) l’acte photographique d’Emilie Jouvet s’entend comme acte de résistance, comme lieu où s’exerce des imaginaires, des espaces de jouissance, des révolutions incontournables.