“{La France, les femmes et le pouvoir} est le fruit d’une longue enquête destinée à comprendre l’origine et les caractéristiques de l’«exception française» en la matière. On sait que l’Hexagone fut le dernier des grands pays occidentaux à accorder le droit de vote aux femmes, et qu’il était à la fin du XXe siècle en queue de peloton de l’Europe et au 65e rang mondial pour la place qu’il leur réserve dans son Parlement. Mais si les faits sont connus, les raisons de cette situation n’ont jamais fait l’objet d’études approfondies. Parfois attribuées à un mystérieux «retard français», elles font surtout l’objet d’un tabou historique.Trois volumes ont paru (Perrin) : sur le Moyen Âge et la Renaissance (2006), sur les 17e et 18e siècles (2008), sur la période 1789-1804 (2016).
Ce quatrième volume (CNRS éditions) explore les décennies qui, d’un empire à l’autre, en passant par le retour de la monarchie et celui de la République, ont vu se consolider la domination des hommes sur les femmes à un point jamais vu jusqu’alors en France.
Entreprise difficile et conflictuelle, dans une société où la question de l’égalité des sexes était débattue depuis la fin du Moyen Âge, et où tant de femmes en avaient fait la démonstration. D’où le déploiement sans précédent de constitutions, de lois, de mesures règlementaires, de théories pseudo scientifiques, de discours historiques délibérément muets sur les femmes, mais aussi de violences verbales, physiques et symboliques destinées à assoir le nouvel ordre et à confiner le sexe dit faible dans les emplois les plus déqualifiés, loin des lieux de pouvoir et d’excellence.
Le tout sans parvenir à désarmer celles et ceux qui pensaient qu’une autre société était possible, et qui, exploitant toutes les failles du système, se donnèrent peu à peu les moyens de changer la donne, pour que l’égalité et la liberté ne restent pas le bien des frères.”
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Eliane Viennot}} est professeuse émérite de littérature de la Renaissance. Spécialiste de Marguerite de Valois et d’autres femmes d’Etat de la Renaissance, elle s’intéresse plus largement aux relations de pouvoir entre les sexes et à leur traitement historiographique sur la longue durée. Militante féministe depuis les années 1970. Elle travaille également aux retrouvailles de la langue française avec l’usage du féminin : {Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin !} (iXe, 2014),{ L’Académie contre la langue française : le dossier «féminisation»} (iXe, 2016), {Le langage inclusif : pourquoi, comment} (iXe, 2018).