{Genre, sexes, sexualités. Que disent les manuscrits autobiographiques ?} (PURH)
Les questions de genre, de sexes et de sexualités, envisagés dans leur pluralité, constituent un domaine majeur de l’expérience humaine et un vaste champ de recherche qui concerne toutes les pratiques, tant sociales que symboliques, et tout particulièrement le langage et l’écriture. Ces notions permettent d’interroger les idées reçues, de déconstruire les évidences et d’explorer les textes sous un angle neuf.
Les écrits autobiographiques abordent certains aspects de la vie humaine, parmi les plus secrets, les plus intimes, notamment les relations complexes entre les sexes et le genre (comme construction de la relation entre le biologique et le social), entre les sexes et les différentes sexualités, entre le genre et les sexualités. L’étude des processus de genèse de ces écrits suppose de prendre en compte les contraintes, tant matérielles que symboliques, liées à ces catégories qui structurent la société, et à cerner leur fonctionnement dans la production des textes. Les recherches sur le genre, les questions d’identités sexuelles, et sur les représentations discursives des sexualités qui leur sont liées trouvent ainsi dans l’étude de la genèse de textes autobiographiques un matériau de choix, en raison d’un pacte d’authenticité : lieux par excellence d’élaboration créatrice, ils portent trace de conflits, d’enjeux, d’ambiguïtés et de contradictions, d’autocensure et de censure, d’ajustements entre reproduction et subversion des normes, de métamorphoses propres au processus de production.
{Genre, sexes, sexualité. Que disent les manuscrits autobiographiques ?} réunit treize articles qui veulent rendre compte de l’originalité et de la pertinence d’analyses littéraires se situant au croisement, encore trop peu exploré, d’un questionnement sur le genre, les sexes et les sexualités, de recherches sur les formes autobiographiques et de travaux en critique génétique. Les analyses présentées dans ce volume se penchent sur des textes et des avant-textes du domaine français (Herculine Barbin, Simone de Beauvoir, Annie Ernaux, Marie-Edmée, Violette Leduc, Yves Navarre) et étranger (Géza Csáth, Samuel Taylor Coleridge, Jack Kerouac, Anaïs Nin). Il inclut une bibliographie des publications de Catherine Viollet, une pionnière dans la rencontre des analyses génétiques sur les textes autobiographiques et des études de genre.
Avec les contributions de : Emeline André, Mireille Brioude, Nicole Cadène, Mateusz Chmurski, Danielle Constantin, Simon Dubois Boucheraud, Anaïs Frantz, Marion Krauthaker, Sylvie Lannegrand, Julie LeBlanc, Kimberley Page-Jones, Alison Péron et Catherine Viollet.
{{Catherine Viollet}} (1949-2014) est entrée en 1976 à l’ITEM-CNRS/ENS où elle a travaillé comme chercheuse jusqu’en 2014 tout en animant depuis sa fondation en 1995 l’équipe « Genèse et autobiographie ». Ses nombreux travaux se sont penchés sur des textes germanophones, francophones et russophones en privilégiant les études de genre et, avec Elena Gretchanaïa, le corpus des diaristes russes écrivant en français au XIXe siècle. Elle s’est intéressée à des figures majeures de la littérature (Proust, Thomas Mann) comme à des écrivaines moins canoniques telles que Christiane Rochefort ou Violette Leduc ou aux écritures dites ordinaires. Ce volume posthume lui est dédié.
{{Danielle Constantin}} est docteure en littérature comparée de l’Université de Toronto. Depuis 2004, elle est chercheuse associée à l’ITEM-CNRS/ENS à Paris. Elle a publié Masques et mirages. Genèse du roman chez Cortázar, Perec et Villemaire (New York, Peter Lang, 2008) et codirigé, avec Jean-Luc Joly et Christelle Reggiani, Espèces d’espaces perecquiens (Bordeaux, Le Castor astral, 2015).
{{Mireille Brioude}}, {{Anaïs Frantz}}, {{Alison Peron}} et {{Olivier Wagner}} font partie du groupe de travail sur les manuscrits de Violette Leduc créé et qu’a dirigé Catherine Viollet au sein de l’ITEM-CNRS-ENS.
Cette soirée sera l’occasion de rendre hommage à Catherine Viollet.