Le recueil {La Licorne noire} (éditions de l’Arche) de la poétesse et militante Audre Lorde occupe au sein de ses écrits poétiques une place fondamentale. Ces poèmes d’amour évoquent l’apogée d’une sensualité et l’épanouissement d’une sexualité affranchie des normes sociales, prenant sa prodigieuse vigueur dans les luttes contre toutes les formes de discriminations. Sur fond de mélancolie, toujours empreinte de peur et de fureur, sa parole s’élève, furieuse, impatiente, multiple, créatrice et inspirante. « Nos silences ne nous protégeront pas », disait-elle, appelant à la prise de parole active et libératrice. Charnels et érotiques, ces poèmes renouent avec une spiritualité ancestrale, des déesses mythologiques aux Amazones du Dahomey.
Audre Lorde (1934-1992), poétesse et essayiste, a été bibliothécaire et professeure de littérature anglaise, militante féministe et engagée pour la défense des droits civiques aux États-Unis. Au début de ses séances de lectures publiques, Audre Lorde lançait : « Je vous parle en tant que poète, noire, féministe, lesbienne, mère, guerrière, professeure et survivante du cancer ». Avant sa mort, au cours d’une cérémonie de baptême africaine, Lorde prend le nom de Gamba Adisa, qui veut dire Guerrière : celle qui se fait comprendre. En 1991, elle est nommée poète de l’État de New York. Elle est aujourd’hui une des icônes les plus célèbres du mouvement féministe afro-américain.
Gerty Dambury, traductrice de ce recueil et écrivaine elle-même, viendra parler de Audre Lorde et fera une lecture. Elle sera accompagnée de Rina Nissim, qui a connu Audre Lorde et viendra témoigner de son travail d’éditrice des trois autres livres parus en français aux éditions Mamamelis : {Zami, une nouvelle façon d’écrire mon nom} ; {Journal du cancer}, suivi de {Un souffle de lumière} ; {Sister Outsider, essais et propos sur la poésie, l’érotisme, le racisme, le sexisme..}. La rencontre sera ponctuée d’intermèdes musicaux par Aldridge Hansberry.