Que ce soit par la révélation du corps à travers des voiles ou par une errance sur l’ancienne voie de chemin de fer de la Petite Ceinture, Anne-Sophie Jal tente une approche de l’autre en prenant le “partie du vivant”. Elle rend hommage à Alina Reyes qui l’a autorisée à la citer :
“Aimer les corps-aimer la vie. Et pas seulement les corps humains. L’araignée aussi me plaît, et je lui parle, comme à une soeur. La pierre elle-même n’est-elle pas faite de la même matière que moi? Ce que devine l’inconscient, la science l’a démontré: nous sommes tous des poussières d’étoiles. (…) Aujourd’hui la possibilité de manipuler les génomes, voire de les cloner, ne pourrait-elle pas menacer la diversité fondamentale de notre espèce, voire sa survie? Mais peut-être faut-il craindre tout autant les assauts de certains puritains en vogue, qui sous le masque de la désillusion cachent mal leur dégoût de l’amour et de la vie, et, étendant leur sentiment personnel à l’humanité toute entière jugent leur contemporains englués dans
ce qu’il est convenu d’appeler “la misère sexuelle”-et par conséquent seraient tout prêts à renoncer à ce fameux mode de reproduction sexuée qui les encombre tant. Mais qu’est-ce que la misère sexuelle, sinon un point de vue moralisant,
et puritain, sur le corps et la sexualité des autres? Qui oserait nier qu’une femme aujourd’hui a bien davantage de chances, d’occasions et de possibilités de jouir de son corps (et pas seulement sur un plan sexuel)qu’il ne lui en eût été accordé il y a cinquante ou cent ans? Que ce début
de libération “du corps” des femmes embarrasse certains hommes est aussi une réalité. Mais il est permis de ne pas voir dans la virginité des jeunes mariées et dans les joies des bordels d’antan l’exacte antithèse de la prétendue misère sexuelle de notre époque. Sans doute sommes-nous depuis l’aube des temps, humains, tentés de nier notre animalité-dont les besoins du corps sont les manifestations
éclatantes, et pour beaucoup, insupportables. Mais on peut aussi chercher l’émotion et l’esprit là où ils sont nés, dans la matière. Choisissant l’aventure, la différence, la fantaisie, l’imprévu, j’ai pris le parti du vivant.”
Alina Reyes, {Corps de femme} (Introduction)
{{A 19h30 : Remise des prix du concours de nouvelles sur l’homophobie}} en présence de membre du jury et de l’association IDAHO : Pour la deuxième année, le magazine Têtu et IDAHO organisent un concours de nouvelles dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie qui a lieu le 17 mai. Les nouvelles doivent être sur le thème de l’homophobie, de 2000 mots (+ ou – 10 %) et envoyées en fichier joint à avant le 30 avril. La meilleure nouvelle sera publiée dans Têtu. L’ensemble des informations et le réglement se trouvent sur le site tetu.com